Os: Tout va bien

Voilà, un petit texte court et qui n'est malheureusement pas à la hauteur des émotions qu'il devrait contenir et qui déchirent son auteur.
Il m'a été inspiré par une chanson de Zazie : Ici.
Il est tiré de ma fic Dark Life et est en fait un épisode tiré du passé de mon personnage principal, Morwen, et la chanson m'a fait pensé à ce qu'elle à du endurer, à élever toute seule deux enfants qui lui rappellent en permanence la mort de celui qu'elle à aimé, et sa propre culpabilité. Je pense que ce qu'elle à du ressentir au moment où elle c'est retrouvée avec deux fils dont elle ne voulait pas et qui étaient responsables d'une certaine façon de la mort de l'être qu'elle chérissait explique une grande partie de son comportement actuel dans l'histoire, ainsi que son comportement avec les jumeaux.
Voilà.



Le vent souffle à l'entrée de la grotte. Ma souffrance m'empêche presque de respirer. Dès que je ferme les yeux, je revois son visage souriant, ses yeux marrons clairs. Et mon coeur se déchire. J'ai l'impression de tendre la main vers un reflet dans l'eau, où elle s'écoulerait entre mes doigts, insaisissable. Je le perds. Je l'ai perdu. Je ne suis plus rien. Je ne suis plus qu'un abîme de douleur et de regret. Je me déteste. Je me déteste autant que je l'aime.
Les petits dorment, recroquevillés l'un contre l'autre. Je n'ai aucune idée de comment je vais réussir à les élever. Il est mort pour eux. Je me dois de m'en occuper. Ils sont tout ce qu'il me reste de lui. Mais le simple fait de poser les yeux sur eux ravive ma souffrance, la démultiplie. Je ne suis pas en mesure de m'aider moi même, comment pourrais-je les aider eux?

Alors que je suis plongée dans les méandres de mon chagrin et de ma honte, William ouvre ses petits yeux bleus rougis par les larmes. Je sens les miennes ruisseler sur mes joues en laissant des marques brulantes et acides sur ma chair. Le petit se lève et s'approche en me regardant dans les yeux. Il vient me rejoindre à l'entrée, faisant fi de la flaque dans laquelle ces petits pieds nus s'enfoncent. Je n'avais même pas remarqué que j'étais assise dans l'eau gelée jusqu'à ce qu'il se mouille. Je l'attrape alors, un peu brusquement, par la taille et le tien devant moi, à bouts de bras. Ces petits yeux tristes fixent toujours les miens, et je m'aperçois que les larmes ont rendu ma vue un peu trouble. Sa petite main sale se tend vers ma joue et se pose sur l'un des sillons qui strient mes joues. La tendresse qui se lit dans son regard me brise le coeur tout en me réchauffant de l'intérieur. D'un geste dépourvu de douceur mais poussé par mon besoin d'être réconfortée, je le serre contre moi en laissant de longs sanglots silencieux m'échapper. Ses bras potelés se serrent autour de mon cou et lui aussi laisse libre court à son chagrin. Je me rend alors compte que Nathan n'était pas seulement l'homme que j'aimais, mais aussi le père de deux petits être qui ont besoin qu'on soit là pour eux. Qui ont besoin d'avoir une maman qui les aime et qui pallie à la perte qu'ils viennent de subir.
Je caresse alors ces cheveux emmêlés en me balançant d'avant en arrière pour le bercer. Je commence à fredonner la vieille berceuse que Nathaniel leur chantait pour les endormir, bien que ma voix soit souvent brisée en plein milieu d'une note par un sanglot. Son petit corps frêle s'écarte lentement de moi et il attrape ma main câleuse de la sienne. Il me tire alors lentement à l'extérieur sous le fine pluie qui s'abat. Son visage rond se tourne vers le mien et il me sourit faiblement à travers ses larmes et la pluie. Je le soulève et pose mon front sur le sien en fermant les yeux. Sans que je m'en rende compte je commence lui murmurer des paroles de réconfort auxquelles je ne crois pas moi même, lui assurant que tout va bien. Que je ferais en sorte que tout aille bien pour nous trois.
Son petit corps frêle se serre encore plus contre moi tandis que je me dirige d'un pas chancelant vers l'endroit où son frère et toujours roulé en boule. Je le pose sur le sol inégal et me redresse avec difficulté. La détresse sape le peu de force qu'il me reste. J'enlève alors la tunique humide qui me couvre et m'allonge à coté de mes fils dans les fourrures. Tous deux viennent se lover contre moi et je les serre contre moi, partageant avec eux le peu de chaleur qu'il me reste. Même si ma peine est profonde, sentir ces deux petites vies palpitantes contre moi apaise un peu la douleur qui ronge mon âme comme de l'acide.

J'ai encore plus besoin d'eux qu'ils n'ont besoin de moi, et je les aime d'autant plus qu'ils sont tout ce qu'il me reste de lui. Qu'il vit à travers eux. Et que je refuse de perdre le peu qu'il me reste de son sourire, sa joie, son âme.