OS : Toi et Moi.

Beaucoup de gens disent, ceux qui ne connaissent rien à l'amour en fait, des phrases comme « Faut pas pleurer pour un mec / une fille » ou « Un(e) de perdu(e), dix de retrouvé(e)s » ou encore « Tu l'oublieras vite », quand un(e) ami(e) déprime. Moi le premier. Je n'ai jamais cru au grand amour. Je me sentais capable d'aimer mais pas à la folie. Je ne me voyais pas devenir dépendant de quelqu'un et ne jurer que par lui ou elle. Probablement à cause de ma fierté mal placée. Le grand amour, ça n'était définitivement pas pour moi. Jusqu'à ce que je te rencontre. Pour en revenir à ce que je disais au début, pour montrer à quel point tu m'as changé, je dirais que je ne peux pas t'oublier, malgré les affirmations contraires de mes amis. Je ne peux rien oublier, que ce soit toi ou nos souvenirs. Je me souviens de tes yeux et tes sourires moqueurs, de tes sarcasmes, mais aussi de ta gentillesse et de ton amour bien cachés, que tu ne montrais que rarement mais qui me faisaient chaud au cœur. Je me souviens aussi de ton parfum, de tes habitudes, de ton caractère bien trempé. De nous. De notre amitié, de notre amour. De notre première nuit ensemble. De notre première rencontre. Banale. On s'est rencontré par l'intermédiaire d'amis. Alors qu'on se rapprochait irrémédiablement, je savais que notre amitié ne durerait pas. Que c'était quitte ou double. Soit je t'avais pour moi, soit je ne t'avais pas. Un juste milieu, je ne pouvais l'envisager. Je préférais souffrir de t'avoir loin de moi plutôt que souffrir de t'avoir près de moi et ne pouvoir rien faire. Mes sentiments pour toi étaient nouveaux, comme notre amitié, mais je les savais tout sauf fragiles ou indécis. Non, je t'aimais et c'était tout. Toi, de ton côté, c'était pareil. Et heureusement.
Et puis, un jour, comme ça, sans prévenir, tu es parti. Tu m'as laissé seul. Enfin, seul... Avec ma rancœur et mon amertume. Mes meilleures amies depuis que tu es parti. Ma tristesse aussi, mais avec elle, c'est fusionnel entre nous depuis ton départ. Honnêtement, je ne me suis jamais senti aussi mal. Devant mes amis, j'affirmais avec véhémence que tu étais con et que tu ne me méritais pas. Que si tu étais parti, tu devais sûrement t'en mordre les doigts, mais que moi, je m'en fichais. Mais dis-moi, n'est-ce pas plutôt l'inverse ? N'est-ce pas toi qui est parti, brusquement, sans un regard en arrière ? N'est-ce pas moi qui prie corps et âme qu'un jour, tu me reviennes, alors que je sais pertinemment que c'est impossible ? Qui me mord les doigts de remord ? Si. Mais tant que personne ne voyait mon mal être, je m'en fichais. Avec mon manque de chance, je suis sûr que toi, par contre, tu t'en es rendu compte. Tant pis, ma fierté était déjà au niveau zéro avec toutes les larmes que j'ai versées pour toi, alors un peu plus, un peu moins...
Pourquoi m'étais-je autant attaché à toi ? Bonne question. C'est vrai ça, pourquoi toi ? J'avais des tas d'amis avec qui je riais plus, avec qui je parlais plus, que je connaissais depuis plus longtemps... Alors, c'était un coup de foudre, c'est ça ? Notre complicité a été immédiate et j'aimais tous les moments que nous passions ensemble, qu'ils soient intimes et qu'ils le soient moins. Être avec toi me remplissait de bonheur. J'avais l'impression que de ton côté, c'était la même chose, mais j'ai compris que non, après ton départ. As-tu seulement imaginé un instant le mal que tu pourrais me faire en partant ainsi ? Non. Normal, tu as toujours eu cette part d'égoïsme en toi. Tu m'as détruit, mis plus bas que terre et je n'ai pu te haïr pour ça. Parce que je t'aimais. Foutu sentiment.
À présent, je ne pense plus qu'à toi. Parce que je sais que bientôt, je vais mourir. Non, pas par tentative de suicide. Juste parce que mon cœur était désespérément accroché au tien et que sans son double, battre devient de plus en plus lourd, de plus en plus fatiguant. Et puis, battre pour vivre sans toi, quel est l'intérêt ? Plus les jours passent, plus je sens mon rythme cardiaque ralentir. Un jour, il finira par s'arrêter, complètement. Comme le tien. Alors, à ce moment-là, j'aurais une chance de te retrouver. J'espère au moins que tu m'attends. Tu m'as abandonné sans un mot, mais j'espère que tu m'attends. Je te l'ai dit, une vie sans toi n'est pas une vie, qu'elle soit dans l'au-delà ou non.
Quand je mourrais, tu me guideras ? Vers un endroit connu de nous seuls. Pour qu'on rattrape le temps perdu ou le temps qui n'est jamais venu.
Tu prendras ma main et tu m'emmèneras.
Tu m'emmèneras loin. / Nino, take me faraway (*).