OS : Couvre-toi un peu !

Sakurai Sho renifla pour la énième fois de la journée tout en lâchant un gémissement qui, non content d'être rauque, avait une étrange résonance nasale. Mais si son nez était bouché, ce n'était pas le cas de ses oreilles et il entendit donc bien le ricanement de son petit ami, auquel il lança un regard meurtrier. Ninomiya Kazunari, car c'était bien lui, ricana de plus belle et s'attira d'un coup toutes les foudres de Sho. Ce dernier voulut lancer une pique bien cinglante, mais la seule parole qu'il put émettre fut un éternuement bruyant qui fit s'étrangler de rire Kazunari. Sho se renfrogna, et s'enfonça dans la triple épaisseur de couvertures qui le recouvrait.

_ Oh, ça fait du bien de rire un peu, fit Kazunari une fois calmé.

Un grognement étouffé lui parvint et il sourit en direction de l'amas de couvertures. Il tendit la main vers ce qui était son petit ami avant que celui-ci ne se fasse engloutir par des épaisseurs malveillantes, et fut forcé de constater que la distance de sécurité (anti-microbes) qu'il avait installée entre lui et Sho ne lui permettait pas de le toucher, du moins, sans se déplacer. Kazunari se décala alors de quelques centimètres sur le canapé, juste assez pour pouvoir attraper les couvertures et les abaisser.

_ Tu vas étouffer là-dessous, s'inquiéta Kazunari en constatant que même en baissant les couvertures, il ne voyait que le sommet du crâne de son petit ami.

Sho émergea soudain des couvertures et Kazunari retira brusquement sa main. Il devait impérativement éviter tout contact avec le malade. Il ne manquerait plus qu'il se retrouve lui aussi dans cet état et Sho se moquerait de lui tout le temps de sa convalescence.

_ J'en peux plus de ce rhume. Je n'arrive plus à dormir, je n'ai plus faim. J'ai chaud, j'ai froid. J'ai mal partout. Mon nez est bouché et n'arrête pas de couler. Ma gorge est enrouée, ma voix est cassée. Mes...
_ Des paroles dignes d'une idole, le coupa Kazunari, goguenard.

Sho émit un bruit agacé. À défaut de ne pas avoir de compassion de la part de son petit ami, il espérait au moins que celui-ci l'écouterait geindre sans un mot mais il n'en était rien ! Sho voulut alors tourner le dos à Kazunari mais il s'emmêla dans ses couvertures. Il commença alors à se débattre comme un beau diable sous le regard attentif et moqueur de Kazunari, qui n'aurait pas bougé d'un pouce pour l'aider.
Soudain Sho eut une idée. Une magnifique idée de vengeance. Après beaucoup d'efforts, il se débarrassa de ses couvertures (de toute façon, il n'avait plus froid, au contraire) et se mit face à son petit ami, tout en le fixant intensément. Kazunari le fixa en retour, les yeux pétillant de malice. Sho eut un sourire en coin et se mit à quatre pattes sur le canapé tout en progressant lentement vers son petit ami. Celui-ci déglutit difficilement. Cela faisait quatre jours que Sho était dans cet état et que par conséquent, il ne l'avait pas touché. Et sa libido lui faisait sentir ! Pour preuve : Il arrivait à trouver son petit ami sexy malgré ses cernes, sa pâleur... Mais aussi sa voix qui n'était plus qu'un murmure, pour ne pas l'abîmer plus qu'elle ne l'était déjà, ce qui la rendait extrêmement sensuelle, et puis... Kazunari sortit brusquement de ses pensées en voyant que Sho était bien trop près de lui et qu'il y avait risque de contamination. Il brandit alors sa main et la posa sur le front de Sho, pour l'empêcher d'approcher plus.

_ Tu étais censé t'occuper de moi ! Se plaignit Sho.
_ On a assez d'un Arashi malade, expliqua Kazunari, se sentant coupable devant la moue déçue de son petit ami.

Sho se redressa, se mettant sur ses genoux. Il poussa un soupir contrarié. Lui qui avait rêvé d'un Kazunari aux petits soins pour lui, c'était raté ! Il s'était même imaginé son petit ami le réconforter d'une manière qui aurait été bénéfique aux deux... Il stoppa ses idées perverses. Pour ça, il allait devoir attendre. Il grogna de frustration.
Kazunari posa son autre main sur son propre front et constata que Sho était encore fiévreux, bien que moins chaud que la veille. C'était dingue comme une simple phrase comme celle-ci pouvait lui faire penser à des choses étranges. Parce qu'au moment où il s'était dit ceci, il avait de suite imaginé un Sho, allongé sur un lit, bouillant (de fièvre, bien sûr, mais la fièvre était en option), lui demandant de mener la danse et de le prendre... Kazunari n'y tint plus. Il franchit les quelques centimètres qui le séparaient de son petit ami et posa brusquement ses lèvres sur les siennes, quémandant immédiatement un baiser plus profond, que Sho lui accorda sans tarder avec enthousiasme. « Au diable les microbes », pensa Kazunari pendant que sa langue se mêlait avec celle de Sho et que sa main venait retrouver sa concubine en un geste tendre.
Mais le malheur les foudroya tous deux lorsque la sonnette de la porte d'entrée retentit. Leur baiser cessa immédiatement, et l'ambiance retomba aussi vite qu'elle était arrivée, tout comme leur libido. Ils se fixèrent un instant, perdus. Kazunari fit un geste qui indiquait clairement que le nouveau venu pouvait aller se faire voir et se rapprocha à nouveau des lèvres qui lui avaient tant manquées, lorsqu'une voix retentit de derrière la porte.

_ Sho ! C'est Aiba ! Je suis venu t'apporter des médicaments !

Kazunari poussa un long soupir et murmura très bas « On remercie ton meilleur ami ». Sho lui fit un petit sourire d'excuse et se leva. Kazunari le fit immédiatement rassoir en tirant sur la main de son petit ami qu'il n'avait toujours pas lâché.

_ Tu vas pas aller ouvrir ?! Murmura-t-il, scandalisé.

Sho fixa tour à tour la porte et son petit ami. Il ne savait que choisir. Mais la main taquine de Kazunari qui se glissa sous son tee-shirt ne le fit plus hésiter et son attention se focalisa sur son petit ami. Alors qu'ils allaient continuer ce qu'ils avaient si bien commencé, la voix de Masaki se fit entendre à nouveau, provoquant une plainte exaspérée de Kazunari.

_ Je suis avec Ohno !

Sho eut un sourire moqueur, et murmura, tout comme Kazunari quelques instants plus tôt : « On remercie ton meilleur ami aussi ». Kazunari haussa les épaules.

_ Ils n'ont qu'à repasser plus tard. Pour l'instant, c'est moi qui m'occupe de toi...

Sho fit une moue coupable. Il ne trouvait pas ça très juste de laisser ses amis sur le pas de la porte tandis qu'ils étaient remplis d'attentions honorables.

_ Ils vont s'inquiéter si je ne réponds pas...
_ Mais non ! Tu leur diras que tu étais sorti prendre un peu l'air...

Sho eut un moment d'hésitation puis approuva. Soudain, une sonnerie de portable se fit entendre. C'était celle de son portable. Kazunari mit sa main encore libre devant sa bouche et poussa un juron étouffé.

_ Sho ! On sait que tu es là, le concierge nous a dit que tu n'étais pas sorti aujourd'hui, insista Masaki. On s'inquiète, pourquoi tu n'ouvres pas ? Ça va ? Jun commence à s'impatienter !

Sho et Kazunari se lancèrent alors un regard paniqué. On ne fait pas attendre Matsumoto Jun ou on le regrette toute une vie. Ils se séparèrent rapidement, Sho partant chercher ses couvertures pour s'y emmitoufler et Kazunari allant ouvrir la porte. Les trois nouveaux arrivants l'observèrent, étonnés de le trouver là. Il haussa les épaules et les invita à entrer. Jun passa devant Kazunari et dit, l'air de rien :

_ Vous en avez mis du temps à ouvrir...
_ C'est parce qu'on dormait ! Expliqua rapidement Kazunari. On s'est endormi en regardant la télé...

Il eut un moment de doute, se demandant si son excuse tenait la route puis jugeant que oui, referma la porte et retourna s'asseoir sur le canapé.
Masaki s'était déjà précipité sur Sho et lui prodiguait conseil sur conseil. Satoshi tentait de calmer Masaki qui était fou d'inquiétude et Jun s'était installé royalement sur le canapé, entre Kazunari et Sho.
Bien que Kazunari ait tenté, plusieurs fois, de glisser dans la conversation que Sho avait besoin de calme et qu'il guérirait plus vite sans agitation, les trois amis étaient restés toute la soirée. Une fois (enfin) partis, et la porte refermée, Kazunari s'autorisa un large sourire. Sa frustration et son envie l'avaient gêné toute la soirée et maintenant, il allait pouvoir s'en débarrasser. Il revint dans le salon, et son sourire s'évanouit immédiatement. Sho était en train de s'endormir. Kazunari poussa un soupir qui en disait long sur son humeur et lança un regard contrarié à son petit ami. Regard qui se fit bien vite attendri. Il alla alors réveiller en douceur Sho et l'accompagna dans la chambre. Une fois tous deux couchés dans le lit, Kazunari alla prendre son petit ami dans ses bras. Il se fichait alors totalement des microbes, la sensation de sentir Sho contre lui, lui avait trop manqué. De plus, ce n'était pas une simple étreinte qui allait le rendre malade... Ils avaient fait bien pire dans l'après-midi. Lorsque Kazunari se réveilla au cours de la nuit, il fut pris d'une quinte de toux, suivi de plusieurs éternuements qui firent pouffer de rire Sho qui était calé contre son torse. Kazunari murmura alors, horrifié : « C'est pas vrai... ».

Deux jours plus tard, Kazunari était malade comme un chien. Sho lui, était en voie de guérison.

_ J'ai froid, se plaignit Kazunari.

Sho l'ignora totalement, son attention focalisée sur la télévision. Kazunari observa la pile de couvertures que Sho avait laissé à sa disposition mais ne s'y attarda pas. Il lança un regard à la dérobée à son petit ami et redit, plus fort cette fois-ci :

_ J'ai froid, Sho !

Sho lui montra d'un signe de tête les couvertures et Kazunari eut un regard outré.

_ Mais je veux que ça soit toi qui me réchauffe ! Gémit Kazunari.

Ce dernier s'avança alors doucement vers son petit ami mais Sho pointa un doigt accusateur sur lui.

_ Distance de sécurité ! S'exclama-t-il. Je suis presque rétabli. On a assez d'un Arashi malade, imita Sho, se souvenant de cette réplique qui lui était adressée quelques jours plus tôt.
_ Mais... j'ai froid !
_ Mais... Couvre-toi un peu ! Répliqua Sho en envoyant une couverture sur la tête à Kazunari.

Kazunari l'attrapa au vol et la replaça immédiatement à sa place initiale, avec un air de défi.

_ Ingrat ! Tu oublies ce que j'ai fait pour toi, il y a deux jours ! Je t'ai pris dans mes bras parce que tu avais froid !
_ C'est vrai... commença Sho. Mais tu m'as laissé souffrir quatre jours avant de daigner m'approcher, termina-t-il, faisant envoler tous les espoirs de Kazunari.

Kazunari tenta alors l'apitoiement : Il demanda d'une voix très faible à Sho de le prendre dans ses bras. La seule chose qu'il obtint, ce fut que Sho souligna qu'il était très capricieux quand il était malade. Kazunari grogna et s'empara des trois couvertures, puis s'enfonça à l'intérieur après une lutte acharnée pour les faire tenir. Sho eut alors une étrange impression de déjà vu et se demanda si la convalescence de Kazunari finirait comme la sienne. Dans ce cas-là, ils ne sortiraient jamais de ce mauvais rhume.